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La vie de Charlie « Yardbird » Parker, jazzman visionnaire et musicien accompli qui éleva le saxophone à un niveau d’expression inédit.
Pour évoquer une de ses idoles musicales, le saxophoniste Charlie « Bird » Parker, Eastwood ne prend ni le plus court chemin (Bird fut le premier de ses films dont la durée atteignit les deux heures trente), ni le plus simple. À la faveur de réminiscences fantomatiques (raccords en fondu enchaîné) ou plus apaisées (raccords cut), le récit aime à faire des sauts temporels entre le présent et des flash-backs imbriqués entre eux en deux ou trois niveaux, entre un incident de jeunesse annonciateur et l’actualité d’une déchéance au stade terminal, en passant par les tournées, les concerts, les enregistrements, les rencontres, les tentatives de vie de famille.
Bird se trace ainsi une route droite, mais qu’elle parcourt en vagabond, par allers-retours, comme pour espérer se perdre dans les souvenirs avant d’être repris par un présent impitoyable. Le film se plaît à brouiller la linéarité du déroulement chronologique pour laisser dominer les images les plus persistantes, soit parce qu’un passé désormais révolu les conserve, soit par leur poids sur le présent : les ambiances liées à la « musique noire » (boîtes de jazz, bicoques des États du sud), les figures et les noms d’artistes (soit campés à l’écran comme Dizzy Gillespie, soit cités par les pairs et les aficionados), mais aussi les vieux démons chevillés au corps du protagoniste. L’omniprésence de la musique de jazz et d’une photographie plutôt sombre aux halos et aux clairs-obscurs ambivalents – convenant aussi bien à la chaleur des salles de concert qu’à la misère solitaire – achèvent de réunir ces images en un éloge funèbre à la fois nostalgique et amer.
Récompenses : 3 Prix et 16 Nominations